Bach – Messe en si

Johann Sebastian BACH (1685-1750)
Messe en si mineur BWV 232

Marc Minkowski, Direction musicale

Dates et lieux

3 septembre 2014 : Köthener Bachfesttage, Köthen

Durée : 1h40 + entracte

Distribution

Soprano 1 : Emöke Barath, Ana Quintans
Soprano 2 : Blandine Staskiewicz, Hasnaa Bennani
Alto : Terry Wey, Wiebke Lehmkuhl
Ténor : Rupert Charlesworth, Valerio Contaldo
Basse : Christian Immler, Norman Patzke

Les Musiciens du Louvre Grenoble
Direction musicale : Marc Minkowski

Présentation

La Messe en si mineur de Bach constitue une énigme. En la baptisant « Grande messe », les éditeurs du 19e siècle ne lui ont-ils pas donné une résonance catholique en apparente contradiction avec les exigences du culte luthérien, qui ne retenait de l’Ordinaire de la messe que le Kyrie, le Gloria, voire le Sanctus ? Au temps de Bach, toutes les villes d’Allemagne n’affichaient sans doute pas une foi uniment protestante. Dresde, « Florence de l’Elbe » à laquelle le compositeur destina une première mouture du Kyrie et du Gloria en 1733, se distinguait même par une dualité de confession qui reflétait la double fonction de son Prince-électeur, tout à la fois souverain luthérien et roi de la catholique Pologne. Le mystère n’en demeure pas moins : pourquoi Bach a-t-il constitué à la fin de sa vie un monument dont il savait qu’il ne pourrait pas l’entendre intégralement puisque Leipzig, où il était cantor depuis 1723, était une ville exclusivement protestante ?
C’est qu’il a peut-être vu dans la vaste architecture de la messe catholique l’occasion de réaliser pour le culte luthérien une somme aussi achevée que les Variations Goldberg (1741) ou L’Offrande musicale (1747) dans le domaine instrumental. Juxtaposant des pages composées à l’âge de vingt-neuf (le Crucifixus tire sa substance et sa basse obstinée de la Cantate BWV 12), de trente-neuf (le Sanctus naquit le jour de Noël 1724), de quarante-huit (Kyrie et Gloria) ou de plus de soixante-deux ans (le reste de l’œuvre), la Messe en si explore des styles, des couleurs instrumentales et des combinaisons chorales dont la variété reflète le parcours esthétique de toute une vie.
Après les deux Passions, Les Musiciens du Louvre Grenoble retrouvent la partition avec laquelle ils ont inauguré leur cycle Bach au concert comme au disque. Poursuivant une démarche inspirée par les théories de Joshua Rifkin et Andrew Parrott, selon lesquelles les œuvres vocales de Bach furent destinées à des ensembles de solistes, Marc Minkowski a convoqué pour l’occasion une équipe vocale de taille réduite pour mieux restituer aux parties solistes et chorales toute la puissance de la polyphonie. Une manière d’aborder un édifice colossal avec l’humilité du prieur.