DE BERLIN À HAMBOURG

© Frank Eidel/Sarah Bouasse/D.R

Georg Philipp Telemann (1681-1767)
1ère Sonate extraite des Quatuors Parisiens TWV 43:A1

Jean-Philippe RAMEAU (1683-1764)
5e Concert extrait des Pièces de clavecin en concert

Carl Philipp Emanuel BACH (1714-1788)
Sonate en trio en sol majeur Wq. 150

Jean-Sébastien BACH (1685-1750)
L’Offrande Musicale en do mineur BWV 1079 (extraits)
Ricercar A 3
Sonate Sopr’ il Soggetto Reale

Les partitions de la Sonate en trio Wq 150 de C.P.E. Bach sont basées sur l’édition critique Carl Philipp Emanuel Bach: The Complete Works (www.cpebach.org) et ont été mises à disposition à titre gracieux par l’éditeur, the Packard Humanities Institute of Los Altos (Californie).

Dates et lieux

Dans le cadre des Allées Chantent :
13 octobre à 20h : Musée archéologique Grenoble Saint-Laurent, Grenoble
14 octobre à 18h : Musée d’Art sacré contemporain, Saint-Hugues-de-Chartreuse
15 octobre à 16h : Musée, Saint Antoine L’Abbaye

Distribution

Les Musiciens du Louvre
Flûte Jean Brégnac
Violon Pablo Gutiérrez
Viole de gambe Juan Manuel Quintana
Clavecin Francesco Corti 

Présentation

Ce concert raconte l’histoire de deux voyages…

Tout d’abord celui que Georg Philipp Telemann, Cantor et directeur de la Musique à Hambourg, effectue à Paris en 1737 et évoque dans ses célèbres Quatuors Parisiens.

Il rencontre alors les plus éminents musiciens de l’époque dont Jean-Philippe Rameau dont les Pièces de clavecin en concerts sont publiées en 1741.

Dix ans après celui de Telemann en France, le deuxième voyage est celui de Jean-Sebastien Bach à Berlin. Au soir de sa vie en 1747, le compositeur rend visite à son fils. Au service du roi Frederic II, Carl Philipp Emanuel est une des personnalités les plus représentatives du courant « l’Empfindsamkeit » (« sensibilité »), à mi chemin entre le baroque et le classique.

Le roi propose à Jean-Sebastien Bach d’improviser sur un thème musical. L’origine d’un recueil éblouissant avec, comme point d’orgue, la sonate en trio Sonata sopr’il Soggetto Reale.

Ce programme reflète la richesse musicale européenne de l’époque. De Berlin à Hambourg.

 


Ce concert raconte l’histoire de deux voyages…

Paris 1737 :

Tout d’abord celui que Georg Philipp Telemann, Cantor et directeur de la Musique à Hambourg, compositeur prolifique, unanimement reconnu, effectua à Paris en 1737 sur l’invitation de plusieurs musiciens français. Il y rencontra, à cette occasion, les plus éminents musiciens de l’époque : Mondonville, Naudot, Boismortier, Campra, Clérembault, et probablement Jean-Philippe Rameau, qui s’imposait alors comme l’un des plus grands génies de son temps.

Paris restera associé à Telemann dans une de ses célèbres œuvres les « Quatuors Parisiens ». Ces quatuors sont un ensemble de deux recueils de six pièces pour flûte, violon, viole de gambe et clavecin. La sonate numéro 1 en La Majeur est issue du premier recueil appelé « Quadri » (l’autre recueil s’appelle « Les Nouveaux quatuors »). Ils furent publiés deux fois, en 1730, puis en 1737, pour la venue de Telemann à Paris.

L’ensemble de ces quatuors fut joué lors du séjour de Telemann à Paris, avec la complicité du flûtiste Michel Blavet, du violoniste Jean-Pierre Guignon, du gambiste Jean-Baptiste Forqueray et, sans aucun doute, de Telemann lui-même au clavecin. Il obtiendra, lors de ce séjour de plusieurs mois à Paris, le privilège royal d’éditer ses œuvres chez Ballard (l’éditeur de Lully et de Rameau).

Si la rencontre entre Telemann et Rameau n’est pas avérée, nous avons voulu mettre en regard deux œuvres emblématiques de ces deux grands compositeurs. Si ces pièces sont d’un point de vue stylistique relativement opposées, elles sont pour autant chacune admirablement écrites et sont le reflet de la richesse et de la diversité musicale européenne de l’époque.

Les Pièces de clavecin en concerts de Jean-Philippe Rameau sont publiées en 1741. Elles sont composées en pleine maturité, après ses premiers chefs-d’œuvre lyriques « Castor et Pollux », « Dardanus », « Les Indes galantes » ou enncore « Hippolyte et Aricie ».

L’idée de ces pièces est un dialogue entre le clavecin et un violon ou une flûte, et une viole ou un deuxième violon. Rameau précise dans la préface que ces pièces peuvent se jouer au clavecin seul, le choix de l’orchestration est donc confié au goût des musiciens. L’addition d’autres instruments est là pour révéler de nouvelles couleurs, pour diversifier les timbres, les dynamiques mais aussi, plus pragmatiquement, pour promouvoir probablement une diffusion plus importante du recueil auprès des amateurs. Ces pièces sont composées de cinq concerts. Nous interpréterons le dernier qui est en quatre mouvements : La Forqueray, La Cupis, La Marais et L’indiscrète. La viole de gambe est à l’honneur dans ce concert qui fait très largement référence à deux des plus célèbres gambistes français, Forqueray et Marais. La Cupis, sera quant à elle reprise et orchestrée par Rameau lui-même dans son opéra « Le Temple de la Gloire ».

Notre deuxième voyage nous ramène outre-Rhin, dix ans après celui de Telemann à Paris.

Berlin 1747 :

Jean-Sebastien Bach, au soir de sa vie, rend visite à son fils Carl Philipp Emanuel au château de Potsdam à Berlin, où ce dernier est l’un des principaux musiciens de Frederic II de Prusse qui, fort de sa condition de roi, était également un grand mélomane et un excellent flûtiste.

Carl Philipp Emanuel Bach officiera plus d’une vingtaine d’années au service de Frederic II avant de prendre la relève de son parrain, un certain Telemann (!) en tant que directeur de la musique de la ville de Hambourg, il héritera d’ailleurs du surnom de « Bach d’Hambourg ».

Si Carl Philipp Emanuel Bach s’illustre principalement dans ses pièces pour clavier, il laissera de cette période berlinoise, entouré de précieux collègues (Quantz, Graun, Benda…), de nombreuses et très belles œuvres de musique de chambre. Il remaniera lui-même bon nombre de sonates pour un instrument de dessus et clavecin obligé en sonates en trio, c’est-à-dire pour deux instruments de dessus et basse.

Carl Philipp Emanuel Bach fut une des personnalités les plus représentatives de « l’Empfindsamkeit ». Ce courant, qui peut se traduire par « sensibilité », apparaît en réaction avec les formes de la période précédente. Il désigne cette transition si particulière entre la musique baroque et la musique classique et préfigure d’une certaine manière la musique romantique.

Les compositeurs emprunts de ce courant favorisent les contrastes expressifs, les brusques changements d’humeur, de tempi, les interruptions de phrases par des silences. Ces changements d’affects visent à toucher directement les auditeurs. Carl Philipp Emanuel Bach, qui adhère à ce langage, développe une musique assez éloignée de celle de son père, qu’il considère pourtant comme son unique maître.

En cette année 1747, Jean-Sebastien Bach est accueilli par Frederic II à Berlin avec les honneurs dus à sa réputation. Le roi lui propose alors d’improviser sur un thème musical écrit par le roi, et qui servira de fondement à ces improvisations. Bach rendit une somptueuse improvisation mais, pensant pouvoir mieux faire, il s’employa, dès son retour à Leipzig, à faire naître de ce« Soggetto Reale » un recueil éblouissant de canons, ricercars, fugues et autres prouesses contrapuntiques avec, comme point d’orgue, la sonate en trio « Sonata sopr’il Soggetto Reale ». Si cette sonate garde les caractéristiques et la « marque de fabrique » de Jean-Sebastien Bach, elle est aussi une merveilleuse dédicace au style musical qui se pratiquait à la cour de Frederic II. Cette œuvre éblouissante est remplie d’espérance, de force et de vie. C’est pourtant celle d’un génie approchant de sa mort. Sommet de l’art du contrepoint, « l’Offrande musicale » est l’une des toutes dernières œuvres du « Vieux Bach ».

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